La montagne et toutes les activités qu'elle permet comme le ski (alpin, de fond ou de randonnée), le snowboard, la randonnée, les raquettes à neige, l'escalade suscite...régulièrement des vocations.
Les enfants, particulièrement les adolescents sont curieux de savoir comment on devient moniteur de ski ou de snowboard. Ils ont parfois une vision tronquée du métier...
Dans les lignes qui suivent je vais m'efforcer de donner à mes lecteurs une bonne idée de ma profession : Formation nécéssaire,qualités requises, spécificités du métier, bons et mauvais côtés....
Diplôme : Brevet D'Etat D'Educateur sportif option ski alpin
La formation est essentiellement assurée par l'E.N.S.A. (école nationale de ski et d'alpinisme) qui forme aussi et entre-autres les pisteurs et les guides de haute montagne.
Les différents modules se déroulent soit à Chamonix où l'E.N.S.A. a ses locaux soit dans divers stations de ski comme par exemple Val D'Isère et Tignes.
Cursus en date du 11/04/2012
L'E.N.S.A. forme les futurs moniteurs mais surtout elles les note. Ce n'est pas à l'école de ski et d'alpinisme que vous acquérerez le niveau technique nécéssaire à l'obtention du Diplôme.
Une première spécificité du diplôme de moniteur de ski alpin est qu'il n'existe qu'un diplôme : moniteur de ski qui englobe tout ce que l'E.N.S.A. appelle les disciplines associées, le snowboard en particulier. Pratiquement quelqu'un qui n'a pas un bon niveau en ski, bien qu'excellent en snowboard n'obtiendra jamais le brevet d'Etat. C'est bien sûr très contestable et les choses sont bien différentes dans d'autres pays. En contre-partie le niveau technique exigé en snowboard pour espérer l'obtention du diplôme est de plus en plus élevé. Il serait illusoire d'espérer passer le diplôme de moniteur de ski sans un niveau sérieux en snowboard.
L'entrée dans la formation au diplôme de moniteur de ski (et donc de snowboard) s'appelle le Test Technique.
Pour résumer il s'agit d'un slalom. Quelques skieurs de haut niveau, bien affutés et chacun affecté d'un handicap ouvrent le slalom.
Pour déterminer le temps de base qui servira de référence on prend la meilleure performance une fois les temps des ouvreurs affectés de leurs handicaps respectifs.
Les garçons auront le droit à 20% par rapport au temps de base, les filles à 25%.
L'épreuve se déroule en 2 manches avec inversion de l'ordre de départ. Donc 2 chances de succès par épreuve. On peut s'inscrire à 2 sessions par hiver.
Il ne faut pas rêver le niveau est élevé et un passé de compétiteur est presque incontournable. Il n'est pas pour autant obligatoire d'être en ski-club depuis l'age de 4 ans pour réussir, un très bon skieur qui se mettrait au slalom et à la compétition un ou 2 hivers avant l'examen devrait avoir ses chances.
Si je parle de "chance" c'est qu'il faut bien être conscient que la chance a son importance ; dossard, conditions de course (neige, temps...), sessions.... Même si les organisateurs le nieront toujours ils ont des quotas et certaines sessions sont fermées. Ca peut paraître révoltant mais ça contribue à protéger la profession d'une trop forte concurrence.
5 mois de saison hivernale c'est court et encore ça ne concerne que les grosses stations d'altitude comme Val D'Isère et Tignes. Alors si la concurrence déjà très présente venait à s'accroître ce serait problématique; nous aurions un beau diplôme mais pas ou peu de tarvail. A ce tître sans être pro ou anti E.S.F.(école du ski français) on peut remercier les rouges car c'est à eux que l'on doit, pour l'essentiel, la protection de nos conditions de travail. En particulier face à la concurrence étrangère et dans un contexte européen.
LE CYCLE PREPARATOIRE
C'est le début de la formation "téchnico-pédagogique".
Historiquement l'E.N.S.A. (école nationale de ski et d'alpinisme) assurait une formation quasi-exclusivement technique. Depuis plusieurs années déjà la pédagogie est venue étoffer cette formation.
Le cycle préparatoire se concentre sur l'apprentissage des débutants jusqu'aux skieurs de classe 2. Un skieur de classe 2 est à l'aise sur une piste bleue. Le snowboard et son enseignement sont aussi abordés...
Le cycle préparatoire est sanctionné par un examen, césame pour le début de carrière... C'est une première particularité du diplôme de moniteur de ski, on peut commencer à enseigner sans avoir la totalité du diplôme. Cette particularuté du B.E. ski alpin est due à une logique économique.
Tout le monde comprend bien qu'entre Val D'Isère; station ouverte de début décembre à début mai et une petite station de basse altitude les choses sont bien différentes. Pour la plupart d'entre-nous il y a nécéssité de trouver une activité complémentaire pour le reste de l'année. Les moniteurs changeant d'hémisphère pour exercer durant l'hiver Austral sont très peu nombreux.
Dans tous les cas les besoins en moniteurs de ski et snowboard varient selon les périodes (vacances scolaires ou pas...). C'est pour s'adapter à ces variations que le diplôme a en partie été pensé. Grossièrement périodes creuses seuls les moniteurs complètement diplômés travaillent, périodes fastes les moniteurs stagiaires (partiellement diplômés) viennent en renfort. Ces derniers moins bien payés contribuent à la santé financière des structures qui les emploient. Ce modèle est typiquement le modèle E.S.F. (écoles du ski français). Il faut se rappeler qu'historiquement l'E.S.F. et l'E.N.S.A étaient intimement liées. Le diplôme était pensé par et pour les E.S.F.
Quand la concurrence est apparue les choses ont évoluées, certaines structures ont utilisé les moniteurs stagiaires à outrance pour générer plus de bénéfice.
Cela m'amène à expliciter les différentes manières dont il est possible d'exercer notre métier de moniteur de ski et de snowboard. Je ne connais pas le fonctionnement de toutes les structures de France et je ne décrirai que ce que je connais (plus ou moins..).
On peut enseigner en tant que salarié ce qui revet tous les avantages des professions salariées : retraite, sécurité sociale,droits ASSEDIC et tous ses inconvenients : patron, obligations...
L'U.C.P.A est certainement le plus gros employeur de moniteurs de ski salariés
On peut aussi enseigner en tant que travailleur indépendant, c'est le cas de la majorité des moniteurs de ski. Certains travaillent seuls comme moi (il faut être complètement diplômé), d'autres se regroupent, souvent sous forme d'écoles de ski : E.S.F.(école du ski français),E.S.I. (école de ski internationale) ou autres. L'avantage à travailler comme moniteur indépendant est avant tout d'être son propre chef. C'est quand même loin d'être le cas si l'on s'associe au sein d'une école de ski, là il faudra respecter le fonctionnement de l'école de ski et l'indépendance devient alors toute relative.... Par contre la lourdeur administrative peut paraître pesante (RAM,URSSAF.....), pas de cotisation aux ASSEDIC donc pas de droits aux allocations chomage.....
En tant que moniteur indépendant les différences peuvent-être importantes. L'E.S.F. est un bon choix financier sur le long terme mais pas à court terme. En effet en E.S.F. à diplôme égal priorité est donnée à l'ancienneté. Pour imager : Vous faites vos débuts à l'E.S.F. des Jolis Monts en tant que moniteur stagiaire. Vous êtes bon dernier sur la liste. Année après année au fur et à mesure que les anciens prennent leur retraite et que vous avancez dans votre diplôme vous grappillez des places pour espérer voir le haut de la liste en fin de carrière.
Le travail lui est distribué en fonction de la liste un peu aussi en fonction de vos aptitudes (langues, snowboard, hors-piste, ski de randonnée....). Donc s'il y a du boulot pour 2 seuls les N° 1 et 2 de la liste travaillent. Grossièrement au début vous ne travaillerez que les grosses semaines (vacances scolaires).
Le gros avantage c'est que vous avez une progression dans votre carrière. Au début c'est de la survie...
Deuxième handicap : Au début en E.S.F. vous êtes largement taxés (>40%), lorsque vous serez complètement diplômés, permanents vous serez de moins en moins taxés. En E.S.F. tous les bénéfices sont partagés et vous pouvez espérer qu'un jour au lieu que les anciens se nourrissent sur votre dos ce soit vous qui vous nourrissiez sur le dos des jeunes.....
C'est en partie de ce handicap que les autres écoles de ski ont su tirer profit. Elles proposent de meilleures conditions financières aux jeunes moniteurs. Par contre l'évolution est quasi inéxistante. Donc à court terme c'est bien, à moyen ou long terme ce n'est pas forcement un bon choix. Dans ce type d'écoles souvent il y a un "boss" qui s'enrichit. Les bénéfices ne sont pas redistribués mais vont directement sur son compte !!!!
Après il y a toutes les petites écoles où tous les moniteurs ont le même statut, les mêmes avantages tout au long de leur carrière. Mais souvent ces structures n'ont pas d'accréditations pour accueillir des moniteurs stagiaires. Il faudra donc attendre d'être complètement diplômé.....
A l'issue du cycle péparatoire du brevet d'Etat de ski alpin il vous faudra effectuer le stage pédagogique de sensibilisation. C'est au cours de ce stage que vous commencerez votre métier de moniteur de ski et de snowboard. Bienvenue à bord !!!!!
Ce stage d'un minimum de 25 jours au sein d'une structure agréée (école de ski) vous permettra de vous présenter à l'EUROTEST.
L'EUROTEST est le le plus gros morceau technique du cursus de moniteur de ski et snowboard.
Le principe est semblable au Test Technique mais cette fois il s'agit de slalom géant et les temps d'admission demandent un niveau bien supérieur au niveau nécessaire à l'obtention du Test Technique. Bien sûr tout cela est à relativiser certains ayant plus d'aptitude au slalom, d'autres au slalom géant.... Mais les statistiques de réussite/échec à l'EUROTEST sont très explicites.
Les garçons auront une marge de 18% par rapport au temps de base, les filles de 24%.
Les coureurs ayant moins de 100 points FIS et les coureuses ayant moins de 85 points FIS (en slalom ou slalom géant) sont dispensés de l'EUROTEST.
Là aussi on peut s'interroger sur ce fonctionnement plus que contestable. Pourquoi ne pas effectuer le barrage en début de formation ?????
Une fois le Test Technique et le cycle préparatoire achevés le livret de formation est ouvert pour une durée de 3 ans. En d'autres mots vous êtes moniteur (ou monitrice) de ski stagiaire pour une durée de 3 ans. Mais à l'issue de ces 3 années, si vous n'avez pas réussi l'EUROTEST, vous pouvez aller à Pôle Emploi chercher un autre travail ou reprendre le cursus de moniteur au début.....
Comment peut-on laisser des jeunes ou moins jeunes s'investir dans une formation pendant 3 ans pour finalement leurs dire : "Votre niveau technique n'est pas suffisant, trouvez un autre boulot" ????
Là encore c'est l'économie qui prévaut. Les moniteurs stagiaires surtaxés sont une manne pour de nombreuses écoles de ski, une fois diplômés ils sont moins interessants.....
A suivre...................